Selon la légende, au 14ème siècle, lors de son exil en Provence, la reine Jeanne de Naples fût surprise par un violent orage. Forcée de se mettre à l’abri, un maître souffleur de verre lui offrit son hospitalité du côté de Draguignan. Après une nuit de repos, curieuse, la reine voulut visiter l’atelier. Surpris par l’arrivée de son hôte prestigieuse, le maître verrier souffla plus que de raison dans sa canne et la bouteille enfla jusqu’à devenir énorme. Ce résultat improbable fît l’admiration de tous les visiteurs présents. Il décida de la nommer Reine Jeanne. Toutefois, peu à son avantage compte tenu de l’embonpoint de la bonbonne, la reine préféra la renommer Dame-jeanne.
En réalité, l’étymologie du nom Dame-jeanne vient de perse. Bien avant le moyen âge, la ville de Dâmghân était déjà connue pour la qualité de ses nombreux verriers. Idéalement placée sur la route de la soie, à 350 km à l’est de Téhéran, la ville a prospéré grâce à ses bouteilles ventrues qui se sont répandues de l’orient vers l’occident passant par la Turquie avant de fournir les produits orientaux dans toute l’Europe. Dâmghän est ainsi devenu Dame-jeanne.
Mais qu’est ce qu’une une Dame-jeanne ?
Dame-jeanne de 36 L
Il s’agit d’un contenant de verre soufflé ou moulé de 20 à 50 litres environ. De plus petite taille, on l’appelle une bonbonne et de plus grande taille, une tourie. En verre soufflé, épais, contenant souvent des bulles pour les modèles anciens, 90 % des Dame-jeanne sont de couleur verte, le reste de la production étant transparent ou ambré. Comme les petites bulles, les irrégularités visibles sur le goulot sont des signes d’ancienneté d’une Dame-jeanne.
En effet, dorénavant moulée, la Dame-jeanne était autrefois soufflée dans un moule de bois afin de maîtriser sa contenance. Pour la désolidariser de sa canne, le souffleur utilisait un sabre ou un fer mouillé qu’il appliquait à son embout. Suite à cette opération, le goulot, très coupant, devait être limé afin d’éviter toute blessure. Les Dame-Jeanne plus récentes sont identifiables grâce à la ligne de soudure de 2 parties moulées indépendamment l’une de l’autre puis assemblées. Leur goulot est bien lisse et sans défauts. Leur verre ne présente pas de bulles.
Utilisée pour le transport de vins et alcools, de fruits macérés, d’huile mais aussi de produits chimiques, la Dame-jeanne possède un goulot épais et reçoit un bouchon de liège parfois recouvert de tissu. Afin d’éviter la casse et faciliter leur manipulation, les Dame-Jeanne sont protégées par une “chemise” faite d’une enveloppe d’osier et de paille, souvent dotée d’anses pour faciliter leur transport.
Aujourd’hui objet de décoration prisé, la Dame-jeanne est souvent utilisée comme vase ou montée en lampe.
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